mardi 4 janvier 2011
Nouvelle Parution : “La destruction des tribus, chroniques d’Algérie (1838-1847)” de Mohamed- Laïd ANNANE aux Editions ANEP
Les premières résistances au colonialisme Français
La contribution à l’écriture de l’Histoire sans fioriture aucune de la conquête de l’Algérie depuis la l’invasion en 1830 des troupes françaises à Sidi Fredj dans le littoral algérois à l’occupation militaire de toute l’Algérie, est certainement une initiative qui peut apporter un éclairage nouveau sur le long processus de colonisation d’un peuple qui aura déployé toute une stratégie de résistance et de défense face à un ennemi qui a dû entrer par la force massive de ses armes de guerre et la ruse militaire.
Sans aucun doute, les légendes sur des hauts faits d’arme accomplis par des personnages à l’aura aussi prestigieuse que celle que le commun des algériens connaît sur la personnalité de l’Emir Abdelkader, ne suffisent pas à retracer l’histoire sanglante des batailles qu’ont livré ceux qu’on appellera plus tard les «indigènes» contre un envahisseur qui va spolier la terre, les biens et annihiler l’esprit de toute une civilisation avec sa religion, ses coutumes et sa solide hiérarchisation sociale qui lui assuraient paix et prospérité.
L’ouvrage de Mohamed-Laid ANNANE s’inscrit en droite ligne au cœur de cette thématique. Rappelons d’abord que l’auteur est un ancien diplômé d’études supérieures en mathématiques, en économie et en planification des Universités de Grenoble et de Paris, consultant auprès d’organismes internationaux en 1990 et président du Conseil national économique et social (CNES) à sa création en 1994.
Dans cet ouvrage remarquablement structuré en chapitres et riche en sources documentaires, ouvrage par ailleurs qui fait suite à une première publication parue en 2008 et intitulée «Chroniques à l’ombre d’un frêne» consacrée à la saga de l’Emir Abdelkader, l’auteur écrit dans son avant-propos : «Pourquoi notre choix du mode chronique ? Généralement, la plupart des historiens occidentaux écrivent l’Histoire en utilisant les faits avec de forts relents subjectifs, voire racistes pour certains d’entres eux, qui annihilent toute l’authenticité probante de l’Histoire.»
Ce qui explique le choix du mot «chroniques» lesquelles s’étalent sur une période déterminée de l’histoire de la colonisation et qui procède par étapes successives qui en étudiant avec des documents à l’appuit comment s’est faite l’occupation française de tout le territoire algérien face à la redoutable armée de fantassins et guerriers de toutes les régions d’Algérie inféodées à Abdelkader, une résistance héroïque qui a duré entre 1838 et 1847 date de l’ultime reddition à l’armée coloniale et du départ en exil.
L’auteur a, pour ce faire, focalisé l’écriture de son livre sur trois points essentiels :
1: Le traité de la Tafna entre Abdelkader et Bugeaud qui délimitait les régions soumises aux troupes françaises et celles obéissant au commandement algérien dirigé par l’Emir Abdelkader et à toutes les tribus qui lui ont prêté allégeance, un traité qui fut vite remis en cause par la France qui avait dès le départ de la conquête des visées expansionnistes et qui fut le point de départ de la résistance.
2 : La forme et la manière de faire la guerre des officiers Français notamment l’usage de la razzia et son impact sur la destruction des tribus influentes de l’époque et par voie de conséquence de la base de la structure sociale parfaitement organisée avant la colonisation (Des chapitres entiers sont consacrés à la description et définition de la tribu suivi de leurs énumération en ordre hiérarchique dans les sociétés arabes et berbères de l’époque).
3 : L’usage de la diplomatie au service de la guerre à savoir le traité entre le roi du Maroc et la France en 1844 qui avait stoppé la résistance algérienne en interdisant à certaines populations marocaines frontalières de L’Algérie de prêter main forte aux troupes de l’Emir Abdelkader en les déclarant carrément hors-la-loi sur ses terres.
A partir des années 1840-41, note l’auteur la stratégie d’occupation coloniale basée sur l’action militaire et la terreur va provoquer l’effondrement économique du pays, l’apparition de la famine et des maladies et surtout analyse l’auteur «La tribu, en tant que fondement structurel de la société, est fragilisée et, en certains cas détruite. La famille comme cellule de base est altérée, désarticulée. La production et les commerces sont déréglés, affaiblis. La terre et le foncier sont livrés à la spéculation et à la rapine des aventuriers.»
Cet ouvrage est une compilation historique qui dénote d’un travail de recherche sur les raisons dont certains faits et événement se sont déroulés au cours de l’histoire, du souci de la synthèse historique qui n’oublie pas à chaque réflexion de mettre en avant des extraits et des citations des protagonistes de l’Histoire.
Lynda Graba
«La destruction des tribus, Chroniques d’Algérie (1838-1847)», Mohamed-Laïd ANNANE, 165p, aux éditions Anep, Alger 2010.
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