mercredi 30 mars 2011

L'humour détonnant de Souad Belhaddad

« Beaucoup de choses à vous djire »

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Algéritude ou francitude ? Pharmacie catholique ou pressing bouddhiste ? Les préjugés ont la vie dure. Quel bonheur lorsqu'ils nous quittent : cela pourrait être le résumé de « Beaucoup de choses à vous djire », one woman show de Souad Belhaddad programmé à Confluences, à Paris, jusqu'au 10 avril.
 
Personnage central de ce spectacle né en 2002, Fatima, une maman de la première génération d'immigrés algériens, a la tchatche. Et souvent un avis sur tout. « La francitude, l'algéritude, les boucheries musulmanes, la politchique... ». Elle vit en France depuis plus de trente ans. Hayat, sa fille, concours de l'Ena en poche, termine un stage de « chargée de com' au ministère de la Visibilité ». Elle espère décrocher un « Sidi I » (CDI), comme dit sa mère qui lui demande, en piston, un visa pour Fairouz, la cousine d'Alger.
 
Tout y passe, le racisme, l'obsession de l'origine, la discrimination, la religion, personne n'est épargné. Le pari était risqué mais le public en redemande. Grâce à son humour, Souad Belhaddad transcende les clivages. « Animée par une volonté, dit-elle : faire entendre la parole de l'autre même si elle diverge, tisser des passerelles entre les gens ». « Fatima a une fausse ingénuité, elle est consensuelle mais pose des tas de questions. Elle fédère à travers sa personne », poursuit la journaliste et écrivain.
 
Le personnage d'Hayat est né en 2004. « La réalité a rattrapé ma fiction. Hayat a tout bien fait mais elle est restée de côté et va passer ses examens au ministère de la Visibilité ». On lui demande si elle a « un frère tué dans une bavure policière », si « elle mange, boit sans porter préjudice à qui que ce soit en étant musulmane », jusqu'au jour où, poussée à bout, elle sort un voile dont elle se recouvre la tête, devenant visible.
 
Essayer de dire, « sans grand colloque et sans ennui », explique Souad Belhaddad, « que la République a un contrat social envers tous ces jeunes et que l'État a le devoir de faire cohabiter les pluralités ».
 
Certaines représentations sont suivies d'un débat avec le public.

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