samedi 14 mai 2011

MOIS CULTUREL EUROPÉEN
Musique médiévale et rythme flamenco




Quand les mélodies se font berceuses
Les soirées se suivent mais ne se ressemblent pas, apportant dans leur sillage des mélodies et des rythmes venant d’ailleurs.
Mercredi et jeudi derniers la salle Ibn Zeydoun a accueilli deux spectacles différents. De la musique médiévale pour l’un et du flamenco pour l’autre. Proposé par le Centre culturel français d’Alger, Le Poème harmonique est le groupe de musiciens et d’artistes qui ont offert au public un spectacle fort orignal appelé «Aux marches du Palais». Un spectacle qui nous a emporté dans la cour des rois du XVIe au XVIIe siècles en offrant des morceaux revisités de façon savante et avec fort entrain. On croit souvent que les chansons traditionnelles françaises sont réservées aux enfants. Ce concert- spectacle nous a confirmé le contraire en donnant à écouter un répertoire interprété par des chanteurs d’opéra avec des instruments baroques. Flûtes et cornemuse, vielle à rue et cornemuse, citole et théorbe autant d’instruments ancestraux qui nous ont plongés dans un autre temps complètement féerique. La soprano Amel Brahim-Djelloul était accompagnée de deux comparses au chant, le ténor Serge Boubioud et le basse Arnaud Marzorati. J’ai vu le loup, le renard chanter, la complainte de mandarin, aux marches du Palais, La Louison, Le cordon noir, Réveillez-vous la belle endormie, Le roi a fait battre tambour..., autant de morceaux évocateurs qui s’inscrivent dans une histoire très ancienne et leurs origines se perdent dans les brumes du Moyen Age ou de la Renaissance. Dans ce concert qui nous a littéralement bercés par ses douces sonorités, l’on pouvait découvrir ainsi de savoureuses mélodies produites par des instruments témoins d’une époque où les musiques des deux rives de la Méditerranée entretenaient des rapports étroits. Seul bémol, on s’attendait à des mélodies un peu plus entraînantes mais on a eu droit à des quasi-ballades, néanmoins bien apaisantes.
Le moins que l’on puisse dire est que l’assistance a bien apprécié. Pour preuve, le groupe a été rappelé par deux fois. Et pour bien le lui rendre, il interprétera Larsen de Jaques Dutronc sous des airs d’opéra insufflant à cette chanson une autre forme de poésie et d’épaisseur inattendue. Dans un autre registre, le public venu nombreux jeudi soir, a eu droit à un spectacle de danse flamenco des plus chaleureux emmené par la danseuse Lucia De Miguel. Elle était accompagnée à la guitare par Bettina Flater, au chant par Loreto De Diega et Naike Ponce et au compas par La Popi. En 2004, Lucia De Miguel crée avec d’autres jeunes artistes la compagnie Estuaria qu’elle dirige actuellement, avec laquelle elle s’est fait connaître sur de nombreuses scènes nationales. Son spectacle Lucia de Miguel flamenco est la première production de la bailaora en solo qui a été reconnue en avril dernier avec le premier prix du concours Jovenes Flamencos, organisé à Grenade. C’est une rencontre de plusieurs styles de chants et de danse du flamenco traditionnel, emprunts d’une touche personnelle et d’un regard féminin contemporain. Résultat: le public exultait à chaque pas de danse. La salle Ibn Zeydoun a tonné la grâce en faisant écouter le rythme du corps lorsqu’il se meut en toute liberté et fait tournoyer l’âme de l’artiste sur les tréteaux. Un spectacle exquis que le public a fort apprécié.
O. HIND

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