mercredi 15 juin 2011

Riikka Ala-Harja. Romancière et dramaturge finlandaise

«Il y a beaucoup d’expérimental dans la poésie en Finlande»


 
 L’auteure Riikka Ala-Harja.
Riikka Ala-Harja, 44 ans, est romancière, dramaturge et scénariste de bande dessinée. Depuis le début des années 1990, ses pièces sont jouées dans les théâtres finlandais et à la radio. Elle est auteure de cinq romans, dont Off Season (2009), Reposer sous la mer (2004) et Tom, Tom, Tom (2003). Lundi dernier, elle a participé, avec d’autres écrivains, à un débat sur «L’autofiction dans la littérature contemporaine», organisé par la Délégation de l’Union européenne à Alger. Riikka Ala-Harja a fait une intervention sur le thème de «La reconstruction imaginée de la réalité et les limites du langage».
-Quels sont les sujets abordés par la littérature finlandaise aujourd’hui ?
Depuis dix ans, on a beaucoup parlé de la Deuxième Guerre mondiale. En Finlande, nous avions durant cette guerre, soutenu l’Allemagne contre l’URSS. Il y aussi des sujets variables. A mon avis, la poésie finlandaise est aujourd’hui plus présente, plus forte que la prose et les romans. Il y a beaucoup d’expérimental dans cette poésie. Les poètes cherchent à jouer avec le langage.
Même si le finnois est une langue compliquée !Oui. C’est compliqué pour ceux qui veulent l’étudier. Le finnois est parmi les langues les plus difficiles au monde. Il n’y a pas beaucoup de lecteurs en finnois dans le monde. En Finlande, nous ne sommes que cinq millions. Nous traduisons donc nos livres vers les autres langues.
-La Finlande a été occupée par la Suède et par la Russie. L’histoire de ces deux occupations est-elle présente dans la littérature finlandaise ?
Pendant longtemps, la littérature en Finlande était écrite en suédois. On a commencé à l’écrire en finnois depuis 150 ans seulement. Le suédois (toujours utilisé en Finlande, ndlr) était la langue des aristocrates, alors que le finnois était la langue du peuple.
-Vous avez écrit cinq romans. Ils sont marqués par le souci de refléter le monde d’aujourd’hui, pas le passé…
Oui, je m’intéresse à ce qui se passe dans la vie quotidienne actuelle. Je me penche sur les problèmes de la société. Je suis de près l’évolution de cette société avec le libéralisme omniprésent et la crise du chômage. La vie est très compliquée pour la population la plus jeune. Il est difficile de décrocher des postes d’emploi. Je ne veux pas écrire sur la Deuxième Guerre mondiale. Mon dernier roman est Canaries. La raison en est simple : la plupart des Finlandais habitent six mois dans les îles Canaries (Espagne) et les six autres mois en Finlande ! Le roman sortira en version française en novembre 2011.
-Mais, alors pourquoi la guerre de 1939-1945 revient-elle en force dans la littérature de votre pays ?
Il n’y a pas que cela. De nombreux livres sortent ces derniers temps sur la guerre civile en Finlande. Le pays a connu en 1918 un grave conflit entre les Rouges (sociaux-démocrates) et les Blancs (conservateurs). Les Rouges avaient le soutien des Bolcheviques russes et les Blancs l’appui de l’Allemagne du IIe Reich. Cet épisode de l’Histoire moderne de la Finlande a beaucoup marqué le pays. Aujourd’hui, des chercheurs disent que les Finlandais avaient appuyé les Allemands nazis durant la Deuxième Guerre mondiale alors que pendant longtemps on avait dit le contraire. Un silence entourait cette question. Autant pour la guerre civile qui était considérée comme «un tabou». On refusait d’en parler.
-En plus de la littérature, vous avez une expérience particulière avec le théâtre. Qu’en est-il ?
Pour le théâtre, j’aime bien travailler d’une manière collective. Je ne me contente pas d’écrire des textes où d’interpréter des rôles sur scène. J’aime bien me mêler des projets lorsqu’ils sont en montage.
A chaque fois, je réécris des rôles. Je suis les travaux de scène jusqu’au bout. Il ne s’agit pas de monter uniquement la pièce. Le plus important est la communication vivante entre le metteur en scène et les comédiens.
Fayçal Métaoui

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