jeudi 14 novembre 2013

Journées d’étude à Tizi Ouzou : Le patrimoine villageois amazigh


Le patrimoine villageois amazigh (XIXe – XXIe siècles) a fait l’objet de deux journées d’étude organisées, hier et avant-hier, par le Haut-Commissariat à l’amazighité (HCA), à la maison de la Culture Mouloud-Mammeri de Tizi Ouzou. Ces deux journées d’étude, dont le coup d’envoi a été donné par le secrétaire général du HCA, Youcef Merahi, ont été animées par des universitaires spécialistes en matière du patrimoine villageois amazigh et tout ce qui a trait à l’organisation ancienne de nos villages. «Comprendre les diverses attitudes locales vis-à-vis du patrimoine villageois dans le contexte actuel d’unification et de centralisation des savoirs et des cultures par l’unification des modes de socialisation et formation nationales et internationale» est là l’un des principaux objectifs de ces journées d’étude sur ce patrimoine villageois amazigh qui est hélas menacé par le laisser-aller et l’avancée de l’urbanisation anarchique dans les villages algériens.
Selon la problématique de ces journées scientifiques, «le patrimoine culturel villageois amazigh présente un paradoxe sociologique des plus intéressants : il est de plus en plus englobé et intégré du point de vue culturel, éducatif par l’unification du système d’enseignement qui l’intègre à l’ordre national et universel, et en même temps, par cette intégration même, il se trouve, de plus en plus arraché à ses particularismes locaux et dépossédé de ses spécificités comme de ses prérogatives juridiques et économiques à l’intérieur de ses propres frontières. Ce processus de centralisation et de dépossession est à peu près ouvert depuis la fin du XIXe siècle et concerne tout le monde rural algérien et maghrébin en général». Les organisateurs de ces journées d’étude pensent qu’il est urgent de créer une dynamique d’intérêt aux villages en tant que ressources patrimoniales. À l’heure actuelle, les spécialistes distinguent deux formes de patrimoine villageois. D’un côté, on est en présence d’un patrimoine ancien, toujours là, mais pas encore classé au rang de patrimoine dans l’inconscient collectif, comme c’est le cas pour tout ce qui touche aux structures mobilières et immobilières, à savoir l’architecture, l’habitat, les fontaines, les anciennes mosquées, les ruelles, les djemaâs…
D’un côté, on assiste à un véritable engouement pour la préservation et la célébration patrimoniale à travers la multiplication des manifestations culturelles officielles, comme la fête des bijoux d’Ath Yenni, la fête du tapis d’Ath Hicham, la fête de la poterie de Maâtkas, la fête de la figue d’Illoula Oumalou et de Beni Maouche, la fête d’Aqdar (Tanshumance) à Tala Ntazart Iboudraren. Lors de son allocution d’ouverture des travaux de ces journées d’études, le secrétaire général du HCA, M. Merahi, a plaidé en faveur de l’implication de l’université dans la valorisation et la revalorisation du patrimoine amazigh, dans ces différentes facettes, où il y a beaucoup de travail à réaliser. Il a également insisté sur l’urgence d’en finir avec le caractère expérimental caractérisant l’enseignement de tamazight dans nos écoles, fait qui n’encourage pas son évolution et son élargissement. Le SG du HCA a en outre plaidé pour la création d’un journal public en amazigh pour participer à la promotion de la langue et culture amazighs et l’implication de toutes les chaînes de télévision et radio nationales dans la quête de revalorisation et promotion de cette culture millénaire. Les interventions des universitaires participant à cette rencontre ont tous convergé sur la nécessité, voire l’urgence de l’implication de tous, citoyens, universitaires et pouvoir publics, dans la valorisation et revalorisation de tout le patrimoine national amazigh.

El Moudjahid

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