samedi 19 mars 2011


Patrimonial : La Branche solide de Sidi Maâmar



A Ténès, l’histoire nous rattrape au seuil du sanctuaire de celui qui fut le vaillant Saint patron de la cité, ancré dans la mémoire collective pour ses œuvres hautement mystiques. Son prédécesseur Ahmed Benyoucef rendit un jour visite aux habitants de la région disant qu’il détenait des pouvoirs supérieurs. Ces derniers l’auraient invité à un dîner au cours duquel, ils lui auraient servi du couscous avec de la viande de chat. Sid Ahmed Benyoucef, avant de d’entamer le dîner lança "sab ya gat"(va-t-en chat ), et aussitôt la viande se reconstitua en chat vivant qui déguerpit rapidement. Cette histoire telle que racontée reste tronquée, car elle démontrerait que les gens de Ténes étaient des êtres peu recommandables, alors que c'est le contraire qui est vrai .En effet, les habitants étaient connus pour leur hospitalité légendaire et ils étaient un peu naïfs. Un jour, un étranger se présenta dans la ville ; les citadins l'accueillirent, l'hébergèrent et lui permirent même de diriger la  prière dans la mosquée de Lalla Aziza. Ce personnage après son départ de la ville écrivit une lettre dans laquelle il raillait les gens de Ténès en leur révélant qu'il était Juif et qu'il a réussi à diriger la prière des musulmans. 
Et c'est dans ce cadre que l'histoire de Sid Ahmed Benyoucef doit être revue : les gens de cette cité tenaient donc à vérifier la véracité des dires de tout étranger qui se présentait chez eux. "chat échaudé craint l'eau froide", et partant de là, les gens de Ténès ne voulant plus être bernés par quiconque, ont appliqué le "contrôle" sur tout ce qui se pressentait et pouvait être suspect. La légende retrace les actions de Ben M’hiri qui fut l’un des disciples de Sidi Maâmar Boumokhla durant la colonisation française. Ce téméraire de la Zaouia lutta durant des années contre l'administration coloniale en attaquant les postes de gendarmerie. Ses hauts faits d'armes lui valurent une grande réputation, il était devenu très dangereux pour l'administration. Un jour, un piège lui fut tendu avec la complicité de l'un des membres de sa famille. Il fut invité à manger, et au cours du repas, les gendarmes avertis par le traître abattirent sans sommation Ben Mhiri. 
Sidi Maamar est un Saint homme qui laissa, dans la région de Ténès, une tradition qui existe, et à ce jour,  elle est appliquée et respectée. En effet, ce Saint a été le précurseur d'une action sociale démocratique et qui concernait la dot (sdak) du mariage. La dot se fixait en fonction du niveau social de la famille et de l'exigence du père de la mariée, venait grâce à ce Saint, d'être uniformisée pour tout le monde dans la région.. La nouvelle dot se résumait à un sac de semoule, un pot de beurre, et un mouton en plus d"une somme représentant l'équivalent d'une pièce d’or de quatre douros. Chaque père ayant une fille à marier ne pouvait exiger une dot supérieure. Cette mesure, que certains nantis critiquent aujourd'hui, visait en fait à permettre à deux jeunes de condition sociale différente de s'unir sans que la fortune ne soit un critère préalable à leur union.  L’application de ce principe par les familles porte le nom de «Orf Sidi Maamar» (lien de l’arbre généalogique). Vue sous un autre point, cette mesure peut être considérée comme la revanche du pauvre sur le riche .Il se dit que la cité de Ténès possède cent saints dont une femme :Lalla Aziza, le grand nombre de ces saints montre la profondeur de la religiosité des habitants de cette cité. Il serait regrettable aussi que certains esprits malintentionnés et malveillants oseraient supposer que les gens vénéreraient les saints au lieu de Dieu le Tout-Puissant. Le Saint Homme ici vient du mot arabe «wali ellah» et au pluriel «woulia», qui veut dire représentant, serviteur de Dieu, et Saint patron de la ville de Ténès.

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