Business is business, de Fouzia Aït El Hadj, présentée samedi soir au TNA
De l’art de tourner en rond !

Banale et sans consistance artistique, la pièce Business is business est à classer au plus vite dans les archives d’un théâtre qui manque terriblement d’imagination.
La facilité et le simplisme ont toujours joué de mauvais tour à la dramaturgie. Un exercice pratique a été démontré, samedi soir, au théâtre national Mahieddine Bachtarzi, à Alger, avec la présentation de Business is business de Fouzia Aït El Hadj, à la faveur du Festival national du théâtre professionnel (FNTP) qui se tient jusqu’au 7 juin. Cette pièce du Théâtre régional de Tizi Ouzou aurait pu être réduite à un sketch à diffuser sur l’ENTV, après un bonne chorba et des boureks bien fourrés un soir de Ramadhan. Tout y est pour être choisie par «le comité» de sélection de l’ex-RTA : un humour gras, des scènes de colonies de vacances, des gestuelles ridicules, un dialogue indigent et une scénographie faible. Trop facile d’imaginer une cave où un réseau de tuyaux compose l’essentiel du décor, avec un bidet, des lits de camp et une petite tente. Dans cette cave, deux couples, Aïssa et Djamila, Brahim et Nadia cherchent les moyens de cohabiter. Chacun veut avoir son espace. Les quatre sont diplômés et n’arrivent pas à trouver un logement. Premier sentier battu. Djamila veut écouter la musique, et Brahim est accroché à la prière. Ils entrent en conflit. Deuxième sentier battu.
Brahim, tactiquement religieux, cherche à imposer sa loi à son épouse. Troisième sentier battu. Djamila sort chercher ses valises et Aïssa s’occupe du ménage. Quatrième sentier battu. Et ainsi de suite. Une succession de déjà-vu, déjà entendu, déjà lu, jusqu’à l’ennui. Du théâtre qui se mord la queue. Inutilement longue, la scène sur le partage de l’espace et l’insistance de Brahim à maintenir le tapis de prière à sa place, a complètement dénaturé la pièce. Cette fois-ci, ce n’est pas la queue qui est mordue, mais c’est la tête qui vole en éclats ! Mahdi, le concierge, arrive, mais ne sauve pas les meubles. Il n’atténue même pas l’envie des spectateurs de quitter la salle. Il force le trait jusqu’à la caricature avec des éclats de voix qui n’ont aucun sens, des mouvements de danse pour «arracher» un rire aux présents et des mimiques superficielles.
Le problème n’est visiblement pas dans le jeu des comédiens, assez correct, mais dans l’ensemble il y a quelque chose d’incohérent. Djamila est la fille d’un père riche, propriétaire de trois usines, mais qui laisse sa fille au chômage, habiter dans une cave ! Est-ce logique ? On a beau chercher «le cinquième» degré dans cette situation, on s’y perd. Business is business veut à la fois «dénoncer» ou mettre en évidence des fléaux sociaux déjà évoqués par le théâtre, le cinéma et la littérature algériens : le chômage, la crise de logement, la religiosité affairiste, l’hypocrisie, l’égoïsme, etc. Donc, quoi de neuf docteur ? Sur le plan esthétique, la pièce est d’une banalité affligeante. La musique est peu étudiée et la lumière est réduite au tarif syndical ! Fouzia Aït El Hadj, qui vient de quitter le théâtre de Tizi Ouzou, nous a habitués à mieux.
Cette spécialiste des arts dramatiques manque-t-elle d’énergie ? Business is business semble avoir été mise en scène entre 3h et 4h du matin, à l’heure où tout le monde dort et où les rues sont désertes ! Autant vous le dire tout de suite, c’est une pièce à mettre vite aux oubliettes… Les organisateurs du FNTP n’ont pas pensé à remettre au public et aux journalistes au moins un petit document sur cette pièce. C’est le minimum pour un festival professionnel.
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