dimanche 26 juin 2011

Cheikh Namous : Le «patriarche», doyen de la musique chaâbie


Cheikh Namous : Le «patriarche», doyen de la musique chaâbie
Alger et sa mémoire chantées
S’il fallait conter Alger dans les splendeurs de sa proverbiale blancheur et des opalescentes douérate de sa Casbah, c’est à travers les refrains de ces célèbres mélodies d’antan que ressuscitera dans le souvenir de la pensée, la mémoire chantée de la mythique  El-Djazaïr.
Celle-ci a connu le bercement d’une galaxie d’étoiles qui ont brillé par le génie d’inégalables artistes femmes et hommes au cours des cycles du temps qui fût l’âge d’or du lyrisme, de la poésie et de la chanson citadine d’El Bahdja.Contemporain et compagnon d’artistes de légende. Des regrettés et inoubliables Mériem Fekkai à Fadéla Dziria, de Hadj M’rizek à Hadj M’hamed El Anka, de Cheikh H’cicène à Cheikh El Hasnaoui, de Dahmane Benachour à Guerouabi et tant d’autres, nombreux par la notoriété pour être tous cités, mais qui ont laissé une empreinte indélébile au panthéon du patrimoine musical algérien. Cette pléiade d’artistes de légende a su créer des moments de bonheur intense dans le vécu de générations successives lors des fêtes traditionnelles célébrées au son du prélude de la douce et traditionnelle zorna de la figure très populaire du regretté Boualem Titiche, mascotte de la joie collective de toute une communauté.
De tous ces repères majeurs de notre culture, hélas disparus, a survécu dans la baraka de sa 91e année, un de leurs contemporains et fidèle compagnon, Cheikh Namous, un témoin du siècle, mémoire vive et prodigieusement infaillible à l’effet du temps. De son vrai nom Rachidi Mohamed, notre cheikh qui est né un vendredi 14 mai 1920 à La Casbah d’Alger, se souvient selon son expression comme aujourd’hui de l’été de l’année 1933 où il a été l’heureux lauréat au certificat d’études primaires à titre indigène (vil stigmate ségrégationniste de la colonisation, a-t-il tenu à préciser) à l’école de la Rampe Louni Arezki (ex-Rampe Valée) à cette époque.
La musique châabie : une vocation innée
C’est à cette période de sa vie et au terme précoce d’une scolarité inachevée, sort commun de l’enfance colonisée, qu’a émergé très tôt une passion pour la musique qui deviendra son univers de prédilection avec une vocation pour l’instrument à cordes le «gumber» ou «gnibri» monté sur une carapace de tortue et qui était sur la scène musicale l’ancêtre du banjo nouvellement apparu à Alger au débarquement américain lors de la Deuxième Guerre mondiale.
De là est né un don pour ce banjo fétiche où il excellera en maître de grand style parmi les «géants» de l’époque que furent les regrettés Kaddour Cherchali et Mohamed  Tailleur, avec le magicien unique qui insufflera par son génie exceptionnel une voix chantante à la guitare, Moh Esseghir  Laâma.
Virtuose de renom au palmarès de ces pionniers de l’art instrumental, cheikh Namous est aussi une mémoire fabuleuse et un repère du patrimoine musical châabi et de  la chanson kabyle à laquelle il s’est consacré des années durant, sous la direction de regretté cheikh Nordine.Une aubaine et une chance inédites à saisir au vol pour une rétrospective mémorielle avec le cheikh dans ses fragments de souvenirs aussi vivaces que jamais et conservés en l’état par un témoin du siècle à travers l’épreuve du temps.
Dans l’attente de nous en dire plus, écoutons-le, dans quelques facettes des étapes de sa vie et de son riche parcours qu’il nous déroule avec tendresse et affection.
«J’ai aimé la musique dès ma prime jeunesse, celle-ci a été l’univers de mes évasions d’une vie éprouvante dans le contexte de misère coloniale et de guerre de l’époque. Le guimber, ensuite le banjo, n’avaient point de secret pour moi, et une véritable communion m’unissait à l’instrument qui a été ma première source de méditation. C’est ainsi que j’ai pu me frayer une place de choix dans des orchestres très réputés dans le milieu de la chanson châabie.»
Dans le célèbre orchestre de Hadj M’hamed El Anka«L’apothéose dont je me souviens comme ci cela datait d’hier, est le fameux jour où je me trouvais à Bab Djeddid dans la Haute Casbah, au café très populaire du chahid Omar Boucasse qui était aussi le président du prestigieux club de football l’«Idéal» connu pour être un relais des militants du mouvement national.
Ce jour-là, El-Hadj M’hamed El Anka, en habitué des lieux, fût informé de mes prouesses instrumentales et me gratifia du privilège très convoité dans le milieu artistique de m’intégrer dans son célèbre orchestre au summum de sa notoriété lors d’une grande fête à Koléa.»
La fête de ses 91 ans avec son public et ses amis
Et d’ajouter avec une voix solennelle et très attendrie, un vœu qu’il a tenu à formuler avant la chaleureuse et prochaine rencontre avec sa deuxième famille, son public qu’il a tant aimé et ses amis et compagnons de la radio et de la télévision, lieux évocateurs des meilleurs souvenirs de sa vie.«Je souhaite à travers cette liesse du souvenir et de la pensée être conforté au soir de ma vie que les efforts et sacrifices consentis par des générations pour le rayonnement de la culture algérienne serviront de repères et de guides à notre jeunesse pour la pérennisation de ce legs très riche de nos aïeux.»
En la circonstance, à l’aube de son centenaire et dans la superbe du haut de sa 91e année, notre vénérable cheikh vivra des moments intenses dans l’allégresse d’heureuses retrouvailles tant attendues.
L’événement que sera cette liesse commémorative de la pensée et du souvenir sera organisé par l’association «Les amis de la Rampe Louni Arezki» en partenariat avec l’Office Riadh El Feth, le samedi 25 juin 2011 à 17 heures à la salle Ibn  Zeydoun.

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