dimanche 19 juin 2011

DIMA JAZZ à Constantine : Une tempête Tidiane Seck sur le Palais Malek Haddad


DIMA JAZZ à Constantine : Une tempête Tidiane Seck sur le Palais Malek Haddad
Le neuvième festival international du jazz de Constantine (Dima jazz), qui se déroule au Palais de la culture Malek Haddad jusqu’au 23 juin, s’est ouvert, vendredi soir, avec une soirée « chaleureusement » africaine


Le public assez nombreux a vite adhéré au spectacle. Autant que le grand batteur ivoirien Paco Sery invité par Cheick Tidiane Seck à l’accompagner dans le concert inaugural du Dimajazz 2011. « C’était un moment spontané, une grande communion. Les gnawa ont le même folklore que les bambaras sauf que les accents sont plus orientaux. Donc, j’étais dans un terrain connu. Il y avait un grand plaisir à voir tous ces artistes monter sur scène, parmi eux des femmes. Un moment de vraie rencontre avec beaucoup d’énergie. La fusion était instantaneé.
« C’est un partage ». Vendredi soir, sur la scène de la salle Chandarli du Palais de la culture Malek Haddad, à l’ouverture du neuvième festival international du jazz de Constantine (Dimajazz) le malien Cheick Tidiane Seck a eu le mot juste pour qualifier « la fusion » entre sa musique et  les percussions et karkabou du groupe Aissaoua Dar El Bahri de la Souika, vieux quartier de la ville des Ponts.
Les artistes se sont sentis interpelés par un morceau qu’on a joué et qui est connu au Mali. Ils l’ont fait comme si c’était le leur », nous a confié Cheick Tidiane Seck à la fin du concert. Les Dar El bahri ont crée la surprise en entrant dans la salle par la porte de derrière sans perturber les musiciens sur scène. Debout, le public applaudissait, sans doute ravi d’assister une production artistique inédite. « Je suis partisan de tout ce qui est mixé et tout ce qui est échange culturel.
C’était un moment magique de jouer avec les artistes algériens. C’est ce que je cherchais, cette spontanéité simple.  Pendant toute la balance, je n’ai pas vu ces artistes. Le commissaire du Dimajazz m’a crée la surprise », nous a dit Paco Séry.  A 55 ans, Paco Séry, l’un des percussionnistes du jazz et batteur les plus connus actuellement sur la scène mondiale, a cotôyé des grands musiciens, tels que l’autrichien d’origine tzigane Joe Zawinul ou encore, l’autre légende, l’américain Jaco Pastorius.
Resté fidèle à son groupe Sixun, avec qui il a produit une dizaine d’albums dont « Live in Marciac » en 2010, Paco Séry travaille actuellement pour la composition de son deuxième opus solo, après « Voyages », sorti en 2000. Pendant plus d’une heure, Cheick Tidiane Seck a livré avec générosité tout son art au chant, au clavier et à la direction d’orchestre, accompagné par le chanteur guinéen (Conakry), Kabiné Kouyaté, fils du célèbre artiste Hadj Sory Kandia.
Aussi, l’art mandingue était-il fort présent ce soir là. Sory Kandia n’était-il pas l’un des meilleurs ambassadeurs de cette culture ouest-africaine ? Cheick Tidiane Seck, qui était également accompagné par Adama Diarra au djembé, Allioune Wade à la basse et Olivier Ajavon à la guitare, a interprété des chants en bambara, langue nationale malienne. Il a plaidé pour « la super puissance africaine », un projet, « tout à fait possible », à ses yeux.
Il a chanté pour la paix en Côte d’Ivoire, pays qui sort à peine de la tourmente. Il a reproduit les sons des balafons, les fameux instruments à percussion ouest-africain et s’est excusé de ne pouvoir en ramener sur scène. Paco Séry s’est beaucoup amusé en jouant un morçeau dédié aux enfants sur le sanza (ou kalimbé), un instrument idiophone constitué de lamelles de cuivre fixées sur une planchette en bois. Un instrument qui sert souvent pour « lancer » des messages dans les villages africains, selon Paco Séry. Il est également utilisé pour apprendre aux enfants les rudiments de l’art musical. Cheick Tidiane Seck a fait découvrir au public la noix de cola, le fruit du colatier, celui des grandes occasions africaines.
« Amer, ce noix est l’équivalent d’une dizaine de tasses de café. J’en ai pris des dizaine », a-t-il confié.  Réputée pour ses caractéristiques stimulantes nerveuses, la noix du cola est produite par la Côté d’Ivoire et la Guinée-Conakry. Tout la démarche artistique de Cheick Tidiane Seck est faite avec ce souci de transmettre à la planète l’immense culture africaine sans céder aux règles blanches de la « World music ».
Sur les chemins du monde depuis plus de trente ans, l’artiste a travaillé avec des noms brillants de la musique  comme Salif Keita,  Ornette Coleman, Hank Jones ou encore Joe Zawinul. En 2008, il a dirigé l’album « Red Earth » de Dee dee Bridgewater. Il a ensuite arrangé l’album de la star malienne Oumou Sangaré en y invitant Mady Tounkara et Toumani Diabaté.  A l’ouverture du Dimajazz, Khalida Toumi, ministre de la culture, a annoncé la construction prochaine d’une grande salle de spectacle à Constantine.
Une salle de 6000 places dont le projet est inscrit dans le plan 2010-2014. Elle a rendu hommage à Constantine, « la ville de Massinissa, de Malek Haddad,  de Ahlam Mostaghanemi, de Aziz Djemam et de Adel Merrouche », et salué les efforts de la jeune équipe du Dimajazz menée par Zoheir Bouzid. « Les efforts de ces jeunes doivent être soutenus par l’Etat. C’est son devoir », a-t-elle insisté. Le Dimajazz 2011 est marqué par l’organisation, pour la première fois, d’un festival « Off ».
Chaque après midi à partir de 18 heures, des concerts sont programmés dans l’esplanade du Palais de la culture. Ils seront animés par les groupes Good Noise d’Alger, Mazal de Béjaïa, Oxygène de Skikda, KOG, Smoke, Tey et Illusion de Constantine ainsi qu’Atma d’Oran. Parallèlement, aux spectacles des master class seront assurés par des artistes de renom tels que Keziah Jones, Amar Sundy et Marco Codjia. Elles auront lieu au Palais de la culture Malek Haddad également. 
Fayçal Métaoui

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