samedi 25 juin 2011

Créatrice Faïza Antri Bouzar

Un nom, une marque...



Bien qu’ayant investi l’univers de la mode algérienne depuis seulement deux ans, la créatrice Faïza Antri Bouzar a réussi à pénétrer dans la cour des grands.

Elle est jeune et talentueuse ; elle exerce son métier avec engouement et passion ; elle est déterminée à donner des lettres de noblesse à sa toute jeune entreprise Fab Couture. D’emblée,  Faïza Antri Bouzar, avec son regard bleu azur, donne à priori cette impression d’une personne réservée. Mais très vite, ces appréhensions disparaissent pour laisser place à une autre image de cette dame, une dame, avant tout, humble et cultivée.

La jeune Faïza a été bercée et a grandi dans les coulisses d’une famille d’artisans bijoutiers. La genèse de la bijouterie Antri Bouzar remonte à 1948. Déjà  pas plus haute que trois pommes, elle se plaisait à griffonner de beaux dessins sur n’importe quel support. Dès l’âge de 16 ans, elle dessinait des collections entières de bijoux. Chemin faisant, le dessin occupera une place de choix dans sa vie.
Une fois le baccalauréat en poche, elle poursuit des  études de commerce en France, en prévision de la gestion de l’entreprise familiale.  Fraîchement diplômée, elle est sollicitée par son père  pour gérer une vingtaine d’employées de l’entreprise familiale. Versée dans la vie active, elle se retrouve, pendant quatre ans, au cœur de l’entreprise et promue chef d’atelier. Elle se familiarise davantage avec ce métier de bijoutier qu’elle connaissait relativement assez bien. «J’ai appris le métier et j’ai découvert que l’artisanat de manière générale  est un métier extraordinaire», dit-elle sur un ton passionné.
Une fois sortie de l’atelier, elle se lance dans le marketing et dans le management. Jusque-là, elle mène une vie ordinaire sans relief jusqu’au jour où elle est sollicitée, en 2007, toujours par son père, pour rénover, en compagnie de son frère, une des bijouteries familiales. Ne se faisant pas prier, Faïza se lance alors dans ce projet prometteur. «J’avais toujours la tête en fusion. La rénovation de cette boutique a été le déclic pour  décliner ma collection de bijoux sur des mannequins.» Le succès est tel que ses proches lui conseillent de se lancer dans la haute couture. Déterminée à aller au bout de ses aspirations les plus profondes, elle réalise son vœu, en 2009, en se lançant dans l’univers de la haute couture. Elle met sans regret toutes ses économies pour ouvrir dans un premier temps un atelier, et dans un second, une boutique. Elle reconnaît qu’elle n’est pas une femme du métier, mais estime qu’elle a un rapport particulier avec les tissus et les couleurs. Si trouver sa voie est une chose irrévocable, trouver au départ des employés qualifiés n’était pas tâche aisée pour elle.

Aujourd’hui, elle a réussi à asseoir une équipe dynamique et confirmée à la fois. Faïza Antri Bouzar se définit comme une créatrice de mode dans la haute couture, les bijoux et les accessoires. «Je ne me bloque pas dans ma tête. Les bijoux et les vêtements sont complémentaires. Il faut accessoiriser toutes les tenues. J’ai déjà réalisé des pochettes de mariage et des éventails». Lors de sa phase de créativité, cet artiste, qui ne fait pas dans la série mais dans le modèle unique, n’aime pas se cantonner dans un style vestimentaire précis. Elle a cette facilité de transposer sur le papier tous les costumes de notre terroir ancestral. «J’incarne toutes les régions. Il faut être ouvert d’esprit culturellement. Il faut mettre en exergue la richesse de notre patrimoine», explique-t-elle. Faïza a la lourde responsabilité de préparer les prototypes de perlages et de broderies laissant par la suite le soin  à son équipe, de sa maison Fab Couture, de terminer toute pièce. Elle appose  au final son satisfecit. Ses dessins et ses prototypes de broderies  se comptent à l’infini. Bien que n’ayant investi le monde de la haute couture que depuis deux ans, Faïza Antri Bouzar tire la sonnette d’alarme en disant que le marché de la haute couture en Algérie existe, mais il est, hélas, mal structuré. «Il n’y a pas de fashion-week, un salon de la couture. Il faut que l’Etat instaure des mécanismes à même d’aider tout jeune artisan en herbe. Il faut créer des écoles de formation. Des modalités de facilité doivent êtres mises en place très vite.

La synergie entre les couturiers, les créateurs et les stylistes suivra. Pour ma part, j’ai de bons rapports avec certains confrères sans esprit de concurrence mais d’entraide».  Si en 2010, elle a réussi à monter une petite collection de tenues de soirées qui a fait l’objet d’un défilé de mode collectif à Cherbourg, en France, en mai dernier, à l’occasion du 3e Festival de la création féminine, elle a présenté pour la première fois sur un  podium algérien un dressing de sept tenues. Des tenues remarquablement conçues avec goût et raffinement, qui ont émerveillé l’assistance. Faïza se plaît à répéter qu’elle ne cherche pas sa voie, car elle l’a trouvée. Elle ne prétend pas  avoir tout appris car elle n’est qu’aux prémices du métier. L’univers de la haute couture est tellement vaste qu’elle n’a pas encore fait le tour des tissus, des couleurs ou encore des coupes. Elle avance dans sa carrière sans trop se poser de questions, l’essentiel pour elle est d’aller jusqu’au bout de sa passion… et de son rêve de toujours, un rêve qu’elle a réussi à matérialiser, aujourd’hui, avec professionnalisme et pugnacité.
 
Nacima Chabani
 

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