jeudi 14 juillet 2011




Au nom de la poésie : 

Moi Dassine et toutes les Dassines sultanes 

de l’Ahaggar ...

Comme un morceau de musique jouait l'imzad, son compagnon à l'éternité

C'est dans une palmeraie à l'heure brune de minuit, devant un feu de branches de palmiers, alors que le vent aigre d'une nuit d'avril balayait l'Ahaggar et que la théière laissait s'échapper des volutés embaumées de menthe verte, Dassine la poétesse du désert vint, légère et féline, s'asseoir à nos côtés. Comme un morceau de musique jouait l'imzad, son compagnon à l'éternité.
Dassine. Un prénom tout de poésie pour cette poétesse et musicienne. Ne dit-on pas que les prénoms sont prédestinés. Il en est ainsi pour Dassine Oult Yemma dont le nom est ancré dans les espaces du pays des aurores couleur de roses épanouies et des crépuscules violets. Dans ce désert aux frontières erratiques, infinies par leurs nuits mouvantes de mystère, Dassine la légendaire est venue ...
Nous la connaissons cette poétesse de grand talent à travers ces poèmes qui fini par entrer dans la légende universelle. Ne serait-elle pas une réincarnation d'amour d'Iseult la belle ? de Juliette ? N'a-t-elle pas signé un pacte d'amitié avec Leïla amante de Majnoun ? Dassine silencieuse dans ses voiles amples la drapant harmonieusement, les yeux grands appassés au khôl, les pupilles comme deux diamants noirs souriaient, ses lourds bijoux en argent massif toute dans son silence face aux flammes dansantes du feu de bois. Elle attendait le retour des deux Moussa, l'amant, le poète et le fils bien-aimé, le sien qu'elle eu avec Aflan, son époux et rival de Moussa Ag Amestan La fille bleue, la sœur jumelle du soleil,  les yeux rêveurs, fixant les langues de feu éloquentes profitant d'instants de silence se mit à réciter : «Depuis ma naissance que je te connais, tu es plus beau qu'un dattier chargé de fruits sucrés ... Tu es plus rayonnant que les cristaux de glace au plus froid de l'hiver».
Dassine Oult Yemma aime depuis l'enfance Moussa son cousin et fils de sa tante maternelle. Leur amour pétri par le glissement soyeux du vent sur la dune, façonné par la voix nocturne et langoureuse de l'imzad a grandi avec l'enfance allant sur la route des étoiles de l'adolescence. Il s'épanouit entre les deux jeunes gens pour s'inscrire dans les  pages invisibles de l'éternité.
Un amour, une     passion qui se muent en «ciel et enfer». «L'époux de sa pensée» Moussa Ag Amestan aime Dassine depuis que la devineresse sur le chemin de sable brûlant a prédit cet amour entre les enfants des deux sœurs.
La visionnaire animée par les esprits sahariens avait auguré le lien affectif des deux amis d'enfance. L'odeur du thé et de la menthe verte, les étoiles dans les cieux aussi larges que des feuilles de vigne en or, le vent presque glacial agitait les palmes, le murmure de nos voix nous simple mortels, Dassine les ignorait. Elle continuait à regarder rêveuse, le feu follet du bivouac. Dassine a dit : «Q'importe tous les voiles sous lesquels tu te caches, j'en ris comme le soleil rit des nuages Ta vraie pensée sort toujours de ton cœur, de ton souffle...».
Alors que les verres de thé brûlant circulent entre les veilleurs et que le breuvage mi-amer mi-sucré     fortement enveloppé des senteurs de feuilles de menthe nourrie d'eau des foggaras est apprécié, Dassine mélancolique revient à ses amours éternelles ciselées dans le livre de la poésie éternelle « : «Ô Moussa, comme notre écriture targuie tourne du nom qu'on aime et qu'on place au centre d'un feuillet, pour lui faire honneur Moi, Dassine, et avec toutes les Dassines que je suis, tournons autour  de toi dans mes réveils, dans mon sommeil, dans mon rire, dans mes larmes, dans mes paroles et jusque dans mon silence. C'est à la grande loi d'amour qu'obéissent les hommes, les bêtes et les choses, dans un  même tourbillon de sable.» combien de temps sommes-nous restés ainsi à écouter la femme bleue, célébrée pour sa beauté, sa sagesse, la sultane de l'Ahaggar...
Celle pour qui Moussa Ag Amestan a écrit «Je me suis abîmé dans ton amour comme dans une tombe. La vie s'est refermée sur moi.
Quelle ivresse peuvent me donner désormais les conquêtes les plus difficiles ? Les autres femmes n'ont été pour moi rien de plus que  les brumes de la rosée pour le soleil.
Maintenant je viens de goûter sur ta bouche la volupté d'absorber ton cœur et de te livrer ma vie dans le mien.
Ton baiser a l'odeur enivrante du mimosa qui sourit au gommier bleu sous la main d'or du jour levant. Le désert lui-même n'est plus assez vaste pour séparer nos coeurs.
Au moment où le vent fou du désert balayait les dunes et les oasis, ce désert source de vie et de rêves, Sahara des merveilles et de mystère, Dassine est venue elle est repartie, l'allure aérienne, les pieds touchant à peine le sable Qui dira où Dassine Oult Yemma ou Dassine Ult Ihemma est décrite par le père Charles de Foucault comme une très belle femme et ces en ces termes que le prêtre décrit la Sultane du désert et de l'amour : «Dâssin ult Ihemma est la sœur aînée d'Axamûk.
Elle s'est mariée avec un homme nommé Afélan. Dans tout l'Ahaggar, il n'y a pas de femme qui surpasse Dassine. C'est une grande femme, elle a le teint clair, légèrement brun. Son visage est beau. Ses yeux sont magnifiques : ils sont expressifs et rieurs. Elle a les dents blanches et brillantes. Sa démarche est élégante. Elle sait bien jouer du violon. Elle a une conversation agréable.
Elle est d'une grande intelligence. Rares, ou même inexistants, sont les hommes qui ont autant d'esprit que Dassine dans l'Ahaggar.
C'est une vraie reine. Avant qu'elle ne soit mariée, les hommes n'allaient que chez elle. Et, même maintenant qu'elle est mariée, nombreux sont ceux qui l'aiment dans le secret de leur âme. Pourtant, personne n'a jamais entendu dire qu'elle ait fait quoi que cela soit de mal : elle craint le déshonneur».
Lamia Nazim

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