dimanche 24 juillet 2011


Rencontre avec le cinéaste Amor Hakkar : “Les héros de mes films sont des gens simples”

Amor Hakkar a présenté lors des journées cinématographiques d’Alger son dernier film «Quelques jours de répit» à la cinémathèque. La rencontre avec le cinéaste s’est déroulée après la projection de son film.
Amor Hakkar a présenté lors des journées cinématographiques d’Alger son dernier film «Quelques jours de répit» à la cinémathèque. La rencontre avec le cinéaste s’est déroulée après la projection de son film. Sans détour, Amor Hakkar donne une lecture de son dernier long métrage basé sur un fait véridique.
Quel a été  le point de départ du film en ce qui concerne l’écriture du scénario ?
Ce film m’a été inspiré par une photo que j’ai vue dans un quotidien national et qui stipulait que deux jeunes hommes allaient être pendus. Cela n’était pas spécifié mais on devinait que c’était parce qu’ils étaient  homosexuels. Cette photo a secoué en moi le coté humanitaire et je me suis dit alors qu’il y’a une injustice dans cette condamnation. Alors j’ai eu envie d’écrire un scénario basé sur ce drame.

Qu’avez-vous voulu évoquer à travers l’histoire de Quelques jours de répit ?
A travers ce film, j’ai essayé d’évoquer deux thèmes dont le premier porte sur le sort réservé aux homosexuels dans certains pays comme l’Iran, mais il en existe d’autres où des êtres humains parce qu’ils s’aiment, risquent la mort. Le deuxième thème abordé concerne les femmes d’un certain âge qui ont renoncé à l’amour par peur d’avoir mal, où d’être déçu. Plus globalement, j'ai souhaité à travers ce film évoquer la difficulté de communiquer avec l'autre, avec les autres. C'est le cas du couple Mohsen-Hassen où l'on devine que ces deux hommes, bien qu'ils éprouvent des sentiments l’un envers l’autre, ont du mal à en parler, à s’exprimer.

C’est donc un film qui parle essentiellement de solitude
Oui, tout à fait, ce film évoque trois solitudes qui s’affrontent et se confrontent. C'est aussi un film d'amour que j'ai souhaité réaliser. D’un point de vue plus global, en tant que cinéaste, il est important pour moi d'affirmer que nous sommes en mesure d'évoquer tous les  sujets, même ceux qui sont susceptibles parfois de nous interpeller, et de nous déranger.
Ce film est peu bavard car de mon point de vue, nous pouvons nous exprimer par des regards, des gestes et des silences.
 Je tiens aussi à préciser qu’il est évident que je ne suis pas insensible au sort réservé aux clandestins. Ce thème sans être le thème majeur du film, est néanmoins évoqué.
Comment avez-vous procédé pour le choix des acteurs ?
 J'ai vu Marina Vlady dans une émission à la télévision. Il m'a semblé qu'elle pourrait interpréter le rôle de Yolande. Je lui ai envoyé le scénario pour le lire, et quelques jours après, elle m'a répondu en me disant qu'elle était d'accord pour interpréter le rôle. Je tiens juste, à préciser que c'est une femme formidable et humaine. Pour Samir Guasmi je l’ai rencontré au festival de Oudagoudou. Quelques semaines plus tard, je lui ai proposé le rôle de Mohsen et il a donné son accord. Je trouve qu’un artiste est sensé être disponible à camper tous les rôles.
Avant la projection du film vous avez dit «je suis un homme libre et j’assume cette liberté». Pourquoi ?
Tout simplement, je peux vous dire que c'est un sujet délicat à traiter et c'est parce que je me sens libre que j'ai fait le choix de traiter ce sujet.

Quelles sont  les difficultés que vous avez rencontrées au cours de ce projet ?
 A vrai dire les défis furent nombreux. 23 jours de tournage, un budget réduit, c’est pas du tout évident. J'ajouterai qu'il est toujours compliqué d'être à la fois acteur et réalisateur. Heureusement, j'étais très bien entouré.

Qu’en est-il du choix du tournage en France ?
Après le tournage du film «La maison jaune» en Algérie en 2006, j'ai tourné «Quelques jours de répit» en France parce que le sujet, l'histoire se déroulait en France.
Je suis Algérien, j’aime ce pays et je tiens à vous informer que mon prochain film sera réalisé en Algérie.

Quels sont les thèmes que vous aimez aborder dans vos films ?
J'aime aborder des thèmes différents. Toutefois, j'ai un attachement particulier pour les gens simples et les héros de mon prochain film seront des gens simples.

Un dernier mot sur le public algérien…
J'ai présenté mon film à Alger et je peux vous dire que le public algérien est un public tolérant, curieux et attachant. Je tiens aussi à les remercier.

Propos recueillis
par Kafia Aït Allouache

 

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