dimanche 3 juillet 2011

Semaine culturelle de Tizi Ouzou à Oran

Nouara fait belle impression



La chanteuse Nouara a fait une belle impression au théâtre de verdure Chakroun Hasni, programmée dans le cadre de la semaine culturelle de la wilaya de Tizi Ouzou à Oran. Malgré son âge, sa voix soprano n’a presque rien perdu de sa vigueur.
Elle a fait le tour de tous les grands titres qui ont forgé sa célébrité dans les années 1960/970, quand elle était au sommet de son art. Elle avait alors, pour situer le contexte, accompagné la politique «développementiste» et les idées de progrès de la période post indépendance mais elle a également beaucoup chanté l’amour et, à sa manière, un certain engagement féministe contre les archaïsmes de la société, hérités de la décadence de la société avant et pendant la colonisation. Son spectacle s’ouvre sur le froid : Yenghayi oussemidh avant d’enchaîner sur un superbe slow :  Yegrad wouliw yetswahid, une réflexion sur la solitude. Mais c’est sans doute son titre Akwassigh ammi aâzizen (Je te conseille mon enfant) qui reste éternel.
Ce message pour les nouvelles générations transcende les époques car centré sur ce qui fonde la condition humaine : «Arfedh laqlam ataroudh / atezredh dhachou igâddan / machi dhayen atemhoudh / mahci dhayen yetfakkan / win idiloulen astahkoudh / akken adh yissin withilan» (Prends ta plume pour écrire / Pour analyser ce qui est passé / Ce n’est pas quelque chose que tu peux effacer / Ce n’est pas quelque chose qui a une fin / A celui qui naît tu raconteras / Pour qu’il sache qui il est».  Si elle est exigeante sur les textes, c’est qu’elle est avant tout issue du milieu du théâtre (elle a animé beaucoup de pièces radiophoniques) où les mots ont tout leur poids. «Ma carrière de chanteuse est venue en seconde position car j’étais issue et j’ai adoré le théâtre», devait-elle déclarer avant sa montée sur scène. Elle était entourée du responsable de la division culturelle de l’APC d’Oran et de la directrice de la culture, Mme Rabéa Moussaoui.
Celle-ci la présentera plus tard devant le public comme «la diva de la chanson algérienne» (sous-entendu pas seulement kabyle). De beaux textes, de belles mélodies et, pour couronner le tout, une voix d’une rare intensité. Il faut dire qu’elle a aussi été bien entourée depuis ses débuts, juste après l’indépendance. C’est à l’aube de ses 20 ans, en 1965, qu’elle entamera une collaboration très fructueuse avec Cherif Kheddam qui donnera à sa voix une dimension orchestrale avec un premier
titre : Ayen ourthezrit  (ce que tu n’as jamais vu) interprété avec l’orchestre de la radio. Cette rencontre, comme une marque de fabrique, lui ouvre de nouvelles perspectives. Son talent désormais reconnu la propulsera pour une carrière nationale. «Ce n’est pas, devait-elle préciser, la première fois que je me produis à Oran, j’ai déjà chanté au théâtre en 1971 et je suis passée à Sidi Bel Abbès en 1968.». Plus de 40 ans après, elle est toujours là, plus présente que jamais.
 
Djamel Benachour

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