lundi 18 juillet 2011


Temporal : Le mirage des «Sioufs»




La splendide ville des 1.000 coupoles se découvre sous ses plus beaux jours pour nous retracer son épopée. Ses «Sioufs» formant l’épine dorsale de la vaste dune font de l’Oued Souf le désert le plus mythique après Robah El Khali en Arabie Saoudite. Il y aura de tout temps un poète pour déclamer le charme des coupoles coiffant les îlots d’habitations de la ville, chantée par les plus grands bardes de la poésie. Son nom vient du mot arabe «Siouf» (sillon de sable). La légende dit qu’à l’époque, il y avait  des vergers à perte de vue avec une intarissable nappe phréatique. Une métaphore pour désigner le jardin d’Eden dans cette très vaste mer de sable. Même que Karl Marx, en pleine campagne de méditation, avait élu domicile dans la célèbre oasis du Zgoum, ou encore le célèbre peintre Dinet, lesquels furent ensorcelés par la beauté mystique de cette vaste oasis. Bent El Ardjoun (fille de la palmeraie), qui a tant inspiré les bardes du melhoun, résonne toujours dans les cours de maison lors des cérémonies nuptiales. La vieille garde du mode soufi, Menai, en duo avec la Jordanienne Lahme Youness, font jonction dans l’art de soulever les dunes et rendre au palmier ce qui appartient à sa majestueuse hauteur. Le premier baptême du feu est fait par le Bey Ahmed qui en fit un siège du beylick de courte durée avant que les Français n’y installent leur poste avancé. Au cours de la première nuit du siège, une grande bataille conduite par Cheikh Harhar, à la tête des grandes tribus des Jabela et des Fenich, qui s’est soldée par l’élimination d’un bataillon de soldats français commandé par le général Barbot. La reprise de la ville par les cavaliers du Cheikh fut d’une telle noblesse qu’il y laissa les Français enterrer leurs morts et soigner leurs blessés. Cette odyssée fit école dans les annales des stratégies militaires. Des négociations vont s'ouvrir qui vont durer toute une année pendant laquelle les hommes de Carnot cherchent à se maintenir dans leurs fortins. Mais le 12 septembre 1876, le Bey propose un traité à Lamoricière, lequel se retrouve alors obligé de signer. Début 1885, les Français se retirèrent pour regagner Laghouat. L'incapacité à pénétrer à l'intérieur des terres et à s'y maintenir a toujours été une constante de leur présence dans le grandes oasis du Sud, déjà onéreuse et qui s'est finalement révélée vaine. La preuve en est que, mis à part des murailles encore debout ou effondrées, il n'en reste pas grand-chose dans la mémoire de la ville, sauf quelques survivances dans le langage des Soufi et, parmi elles, cette expression tellement significative des misères endurées par les Français cantonnés dans leur fort dans l’oasis de Ferkane. A ce jour, en effet, pour marquer la distance et l'éloignement, on dit de quelqu'un qu'il habite El Oued : l’oasis par qui les vivres et munitions n’arrivent jamais.

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