mardi 27 mars 2012

FESTIVAL DU FILM AMAZIGH Engouement du public tiziouzéen

La participation libyenne est une grande première qui permet de découvrir pour la première fois que tamazight, ce n'est pas uniquement l'Algérie et le Maroc mais c'est aussi la Libye.
Le deuxième jour du Festival du film amazigh de Tizi Ouzou a été caractérisé par un engouement sans pareil du public.Ils étaient des centaines à affluer vers les différents sites de projection, aussi bien dans la ville de Tizi Ouzou que dans les localités de Aïn El Hammam, Larbâa Nath Irathen, Azazga et Drâa El Mizan ainsi qu'à Azeffoun. A Drâa El Mizan, les délégations qui sont parties de Tizi Ouzou pour animer la journée ont même été surprises par cet afflux de la part du public.
A la Maison de la culture Mouloud-Mammeri, la salle du petit théâtre et la grande salle de spectacles n'ont pas cessé d'enregistrer l'affluence d'un public qui a soif de voir sa langue maternelle sur grand écran après des décennies d'ostracisme et d'exclusion. C'était donc un vrai bonheur en ce dimanche printanier malgré la qualité des courts métrages, longs métrages et des documentaires projetés qui est discutable à plus d'un point de vue. Mais le Festival du film amazigh revêt une symbolique sous-jacente dès lors qu'il s'agit plus de la réhabilitation d'une langue ancestrale plusieurs fois millénaire dans un art et non des moindres. Il va sans dire que la motivation du public est un signal aux réalisateurs, aux scénaristes mais aussi aux autorités qui gèrent le secteur de la culture afin de trouver les meilleurs moyens pour donner naissance à de vrais films en tamazight. Rester à ce niveau d'amateurisme risque, à la longue, de lasser le public qui deviendra à coup sûr, exigeant une fois la fibre sentimentale par rapport à la langue maternelle amazighe dissipée un tant soit peu. En attendant, le rendez-vous du Festival du film amazigh a donné lieu à une animation riche et diversifiée. La participation libyenne est une grande première qui permet de découvrir pour la première fois que tamazight, ce n'est pas uniquement l'Algérie et le Maroc mais c'est aussi la Libye. Madi Madghis, membre de la délégation libyenne souligne: «En Libye, dans le domaine amazigh, le 1er film a été réalisé de manière clandestine. Trois courts métrages en tamazight sont sortis en 2011, ils ont été réalisés pendant la révolution. Malheureusement, pour des raisons d'ordre personnel, les trois réalisateurs n'ont pas pu venir. Il faut dire que trois participants en trois mois seulement après la révolution et aussi rapidement c'est extraordinaire». Concernant le festival, le représentant libyen souligne: «Nous avons pensé effectuer le doublage et le sous-titrage en tamazight. Et nous comptons beaucoup sur le Fcnafa (Festival culturel national du film amazigh, Ndlr) pour nous aider à nous former dans le domaine du son, du doublage et de beaucoup d'autres ainsi que de la réalisation de vidéos à partir de téléphones portables. Nous aimerions également nous informer au maximum sur tout ce qui relève du domaine du cinéma amazigh. C'est la première fois que nous assistons à un festival du film amazigh. Je suis très ému donc d'être ici à Tizi Ouzou en particulier pour la symbolique du lieu du festival mais aussi ému par le militantisme et l'engouement des organisateurs de ce festival.» La journée de dimanche a été marquée par ailleurs, par la projection de plusieurs documentaires et autres fictions dont le documentaire réalisé par Ramdane Iftini et Sami Allam, et intitulé: «Cnnu-id tamurt n laqbayel» qui a donné lieu à un long débat qui a permis d'ouvrir le bal des critiques objectives mais aussi celui de la nécessité de sauvegarder le patrimoine oral de la Kabylie qui est en voie de disparition. Le rôle de l'audiovisuel pour ce faire s'avère vital. C'est ce qui ressort des différentes interventions et des réponses apportées par les deux réalisateurs qui ont déjà à leur actif un documentaire sur la chanteuse kabyle Hnifa. A 18 heures, le public était également nombreux dans la grande salle de la Maison de la culture «Mouloud- Mammeri» pour voir le film intitulé «Azaylal» (Le mirage) du réalisateur Slimane Boubekeur. Le public semblait très intéressé par l'histoire qui aborde un sujet des plus tabous dans notre société, celui de la virginité. La jeune femme qui campe le rôle d'actrice principale fut victime d'un viol dans son enfance. Une fois adulte, les fantômes de l'enfance rejailliront et la poursuivront puisque quand elle tombe amoureuse, le tabou surgit et donne lieu à une souffrance indicible... L'idée de la trame du film est intéressante mais le scénario n'a pas suivi puisque le public a déploré sa pauvreté à l'unanimité, sans compter les coquilles interminables relevés dans le texte de sous-titrage.

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