samedi 23 juillet 2011


L’étrange histoire de djebel Naga de Sadia Azzoug-Talbi : L’épopée fantastique des Aïssaouias

Entre fiction romanesque et restitution fidèle à l’histoire des confréries religieuses dans les temps reculés de la lointaine Grenade au temps de la Reconquista en 1492, il y a là matière à écrire tout un pan historique, celui qui a servi de toile de fond aux principaux saints de l’Algérie que furent Sidi-Cheikh des Abiod et Sidi-Aïssa Ben Mohamed.
Entre fiction romanesque et restitution fidèle à l’histoire des confréries religieuses dans les temps reculés de la lointaine Grenade au temps de la Reconquista en 1492, il y a là matière à écrire tout un pan historique, celui qui a servi de toile de fond aux  principaux saints de l’Algérie que furent Sidi-Cheikh des Abiod et Sidi-Aïssa Ben Mohamed.
Le roman qui s’inspire d’un fait légendaire qui s’inscrit encore de nos jours dans la mémoire collective d’une petite ville des hauts plateaux, raconte dans une écriture qui oscille entre le merveilleux et l’imaginaire de l’auteur, des événements vécus qui se rattachent à un substrat culturel, celui de l’épopée de deux grandes guides spirituels qui furent tour à tour vénérés par leur population en raison de leur respect stricte des Tariqua à laquelle leurs ancêtres les avaient affiliés durant des siècles, mais aussi bien au-delà de leur caractère ascétique et soufi pour leur envergure guerrière et politique contre les assauts de l’Espagne sous la férule d’Isabelle de Castille et de Ferdinand qui avaient chassés les Morisques, les musulmans et les juifs  après la chute du  royaume de Grenade : «Entre l’histoire et la légende, Sadia Azzoug-Talbi fait évoluer avec une aisance remarquable ses nombreux personnages (…)  Elle a su dire avec talent le passé de Sidi-Aïssa dans une monographie romancée et revivifier un substrat culturel qui s’offre comme le socle d’une vieille civilisation», écrit Youssef Nacib au sujet de l’auteur de l’ouvrage. Le titre énigmatique du livre se réfère à des légendes ancrées dans le terroir qui perpétue la tradition des rites et de ces marabouts faiseurs de miracles qui avaient le don de soigner les malades avec des remèdes médicinaux composés d’herbes qu’ils ramassaient dans la nature essentiellement l’armoise blanche que l’on appelle plus communément «Chih», qui pratiquaient le Dikr ou la glorification de Dieu en se moulant corps et âme dans la création divine, appliquaient les préceptes de l’islam suivant des rituels et des danses qui célébraient la vie du Prophète (QSSL) et connaissaient parait-il le langage secret des animaux.
La légende commence par exemple quand le cheikh des  Abiods venu de l’Ouest marocain aurait été inhumé là où s’était arrêtée sa monture : «En réalité, dans l’imaginaire collectif, il y a là l’inconsciente référence qui réactualise la halte sacrée de la chamelle du Prophète à Médine», ajoute plus loin l’auteur de la préface. L’autre légende restée intacte est celle qui veut que la chamelle bien-aimée de l’ermite Sidi Aïssa avait des qualités surnaturelles comme celles de s’adresser à son maître avec une voix humaine. En fait l’animal qui était très proche du saint patron lui aurait confié qu’un sortilège d’un sorcier maléfique l’aurait transformée, elle, la belle jeune fille prénommée Naga, en chamelle. Lorsque le cheikh dont elle aurait été la confidente et la seule compagne rend l’âme au terme d’une vie dévouée entièrement au seigneur et à prodiguer des conseils à sa tribu, elle se serait enfouie dans une montagne comportant des grottes et se serait refugiée là définitivement. C’est depuis lors que l’on appelle aujourd’hui encore cette montagne des hautes steppes «Djebel Naga» :«Le merveilleux évoqué plus haut offre sa poésie au roman. La double sépulture du saint homme ou la chamelle qui parle et entend des voix s’accordent bien avec l’environnement envoûtant du Sud. Le rapport dialectique entre le mystique et le désert est aussi un aspect saillant de cette œuvre  que l’on lit d’un trait du reflux des Morisques au vécu spirituel d’une bourgade des hauts plateaux», poursuit Youssef Nacib.
Ces saints hommes qui ont marqué leur époque par leurs faits et gestes emplis de dévotion sont l’objet d’une attention et une révérence particulières de la part des habitants même après l’arrivée des colons français qui avaient délimité des frontières et des noms étrangers dans les régions d’Algérie, n’ont pas pu déplacer le tombeau érigé par les Ouled Sidi-Aïssa  qui vouent un culte à l’ancêtre éponyme .
Lynda Graba

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